As The Wind
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As The Wind
Alors, bien sûr, on pourrait se féliciter du retour d’Evan Parker au Carré Bleu. Redire qu’il est peut-être le plus grand saxophoniste des mondes de l’impro, parler de sa technique phénoménale du souffle continu, citer les acolytes éminents et retracer toute une histoire du free européen qu’il co-écrit depuis cinquante ans… Mais c’est sans doute sur son intérêt tout particulier pour l’outil informatique ou les instrumentariums qui s’éloignent de la tradition jazz qu’il conviendrait de s’arrêter ici. Car c’est de là, de ces digressions fécondes, que sont nés par exemple ses projets de grands ensembles électro-acoustiques. Ensembles au sein desquels il aura justement collaboré avec les membres de ce quartet inédit.
Ici, le propos reste donc de fouiller les interactions entre électronique et instruments acoustiques. Un grand écart qui s’incarne on ne peut mieux avec d’un côté les bidouilles de Matt Wright, platiniste rageur tout en high-tech et de l’autre les lithophones de Toma Gouband, percussionniste primitif et formidable poète du caillou sonnant. Entre ces extrêmes, les traits cinglants du saxophone de Parker jouent les intensités, ouvrent des failles ou font le liant. Et, en marge du propos initial, affranchie de toute théorie, naît de ces voix multiples une musique de l’instant d’une beauté sombre et imparable.