Spelterini
Deux ex-Chausse Trappe (qui manquent méchamment à la scène rock barré hexagonale), deux autres issus de Papier Tigre (lâchez rien les gars !), voilà pour le pedigree. On est bien. Et peut-être un poil de Swans pour situer, si besoin, les errements sonores de Spelterini. On y pense en tout cas à l'écoute de leurs longues plages instrumentales, brutes, répétitives et obsédantes. Mais loin d'une pâle resucée, d'une influence encombrante. Toujours sur le fil et sans filet, à l'image de la funambule du XIXème siècle dont ils empruntent le nom, en équilibre entre rythmique tendue, imperturbable et larsens acérés déviants, ils déroulent leurs morceaux grands formats comme des longues traversées vertigineuses.

Up-Tight
Rien à voir avec l'album éponyme de Stevie Wonder, Up-Tight joue du rock. Une espèce d'absolu du rock. Sa quintessence, dans son format trio le plus classique. Classique, mais singulier. Même si on pense évident aux Rallizes Dénudés. Ou aux Spacemen 3, aux Stooges et au Velvet. Et, forcément, Acid Mother Temple, dans l'ombre desquels ils sont toujours un peu restés. Ça tombe bien, l'ombre ils apprécient. La noirceur profonde même. Les ambiances de nuit moite et orageuse. D'atmosphère étouffante, saturée d'électricité, de fuzz et d'échos de voix lancinantes. D'obscurité zébrée d'éclairs psychédéliques et de solos hypnotiques. Ou, comme le calme après la tempête, de mélancolie délicate. Un groupe rare, indispensable, qui reste, depuis une vingtaine d'années, tout autant adulé que méconnu.