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Voilà déjà une dizaine d’années que Guylaine Cosseron élabore et peaufine un imaginaire vocal aussi personnel qu’original. Elle aurait pu être une chanteuse de jaze de plus, rejoignant la cohorte d’une multitude de « nouvelles sensations du moment » qu’on voit fleurir presque chaque mois les colonnes des magazines dits spécialisés. Elle aurait aussi pu se cantonner au rôle de clone féminin d’un Phil Minton, qu’elle admire. Ç’aurait été sans compter sur sa volonté farouche d’aller voir et entendre ailleurs, de tourner le dos à toute facilité. Ses mauvaises fréquentations (Doneda, John Russel, Sophie Agnel, Jean-Luc Guionnet, Joëlle Léandre…) auront fait le reste.
Son trio avec Xavier Charles et Frédéric Blondy donne à entendre une musique minimale, au bord du secret et de la confidence, comme quelque chose que l’on murmurerait à l’oreille. Un enchevêtrement de sons où voix et clarinette se rapprochent, se croisent, s’éloignent, portées par un piano tantôt démesuré, tantôt réduit à son plus simple appareil.
Une poésie brute à la délicatesse sauvage, où le temps s’étire et ouvre des espaces dépouillés, infimes ou infinis, frôlant le silence comme une caresse.