Merleau Ponty

Merleau Ponty
Merleau Ponty © Bruce Milpied
Concert

Merleau Ponty

Ici, on croit être tout à la fois chez James Joyce, Aperghis, Berio ou Cage, à ceci près que la multiplicité des voix découle du subterfuge de l'électronique. Le chanteur, Frédéric Jouanlong, qui est aussi l'auteur des textes dits, éructés, chantés, murmurés dispose d'une machine grâce à laquelle il enregistre sa voix en temps réel. Ce subterfuge lui permet de chanter sur sa propre voix et de la multiplier jusqu'à l'ivresse.

L'accordéoniste Jésus Aured déploie toutes les ressources de son instrument pour se glisser dans cette matière vocale : il la soutient, la contrepointe et ajoute même sa propre voix, celle d'un Basque qui chante par imprégnation, comme on apprend à respirer ou à marcher.

Ensemble, ils procèdent par touches. Des touches picturales que le duo applique sur la toile de décorums vocaux et ventilés. Paysages improbables jaillissants des parois d'un accordéon qui propulse l'air, le compresse, l'évacue et le dissipe encore. Paysages intérieurs naissants d’une paroi buccale qui ne traite et ne filtre que les intentions des mots. Des mots émotifs, des semblants de mots, des mots en boucle pour mieux exprimer l’image qui se constitue d'elle-même. Contemplations furtives de visions éphémères quasi cinématographiques, comme le déroulement d'une pellicule qui a laissé la rétine de notre imaginaire impressionnée.