Si l’on connaît déjà bien par ici ses deux compères d’un soir, Christophe Rocher reste un musicien tout en discrétion et bien trop souvent encore absent des scènes hexagonales.
Sa clarinette, qui sait se faire brûlante comme celle d’un Dolphy enfiévré aussi bien que sereine et apaisée à la manière d’un Jimmy Giuffre, n’avait pas résonné en nos murs depuis maintenant huit ans. Une absence d’autant plus surprenante qu’il n’a eu depuis de cesse de s’affirmer comme l’une des voix essentielles de cet instrument.
Et huit ans, c’est aussi l’âge de ce trio. Une longévité plutôt rare pour une formation de musique improvisée, un temps de maturation qui lui donne aujourd’hui l’ampleur, la respiration, la fluidité de ces groupes qui ont appris avec les années à fuir toute redite, à éviter toute forme de facilité, à se renouveler sans cesse mais sans jamais oublier le propos initial.
Trois artisans musiciens qui malaxent la matière sonore, avec le geste sûr de l’expérience mais la fraîcheur des éternels curieux, et qui créent des mondes instantanés, en révolution permanente. Les rythmes s’enchevêtrent, violence et douceur se mêlent, pour donner naissance à une poésie musicale au lyrisme assumé mais sans concession.

À écouter : ”Extenz’O...” (Label Marmouzic, 2007).